Ce qui fixe d’abord notre attention dans la peinture de Cécile Martial, très structurée bien que non géométrique, c’est une rare luminosité qui éclate dans un coin de la toile, donnant tout son sens au reste…
… Ses peintures sont une méditation sur un monde qui transcende la toile, qui crée une nouvelle réalité. Paysages de l’âme ou d’un je ne sais quoi de l’intelligence, ses compositions remplissent une ambiance dans laquelle la peinture en elle-même compte par-dessus tout.
… Dans une architecture baroque et classique, l’asymétrie et le déséquilibre irrationnels se voient à l’instant neutralisés par une contention qui leur fait trouver une autre logique qui, cependant, ne réprime jamais l’expression de l’inconscient, des réalités superposées, de ces mondes secrets que se construit la peinture, ouverts à tout spectateur capable de se laisser conduire à eux.
Dans les compositions de Cécile Martial, comme attirés par un cœur secret qui bat au fond de chaque toile, les tons et les nuances de lumières apparaissent comme venus des aubes et des crépuscules de nos étés, et dans toutes ses toiles, la féminine architecture des formes se lit à travers une gaze subtile, légère, mystérieuse.
Les pinceaux de Martial tournent comme pour une danse et adoptent les contours des paysages sur lesquels l’artiste pose son regard et transpose son âme poétique.
… Le jour où elle comprit que ce n’étaient ni les choses ni les corps qu’elle aspirait à peindre, mais l’espace dans lequel ils baignent et la lumière qu’ils irradient, Cécile Martial avait trouvé sa voie. Les peintures de Cécile Martial ne sont ni des images ni des messages. Elles ne prétendent ni montrer ni démontrer, elles demandent à être regardées pour elles-mêmes, tout simplement. Elles nous invitent à nous dissoudre en elles, mais dans une musique infinie, et à ne plus faire qu’un avec le dynamisme qui les anime. En un mot, ce sont des peintures qui veulent nous redonner envers et contre tout, l’amour de la peinture.
… Il faudrait presque fermer les yeux pour que l’esprit, délivré, puisse voir ce que le travail de Cécile Martial, enfant d’une longue ascèse, suggère précisément de regarder : l’essence diaphane de la lumière (…). Mais n’est-ce pas s’égarer que de parler ainsi des œuvres de Cécile Martial, s’il est vrai que d’une certaine façon, c’est nous qui sommes en elle et non elle devant nous, bref si notre œil ne peut rien voir sans cette lumière qui émane d’elle pour éclairer en nous des ciels insoupçonnés ?